A l’occasion des 15 ans des 35 heures, un certain nombre d’idées sont véhiculées sans justification.
Voici les réponses à quelques idées fausses suite à la publication, en décembre 2014, du rapport de la commission d’enquête parlementaire.
Les 35 heures n’ont pas créées d’emploi. FAUX
Entre 1997 et 2002, il y a eu création de 2 millions d’emplois dans le secteur marchand et selon une enquête de l’INSEE, une baisse de 350000 de demandeurs d’emploi en 1 an.
Elles ont ralenti la croissance. FAUX
Le rapport démontre que ce sont les 35h qui ont stimulé la croissance et non l’inverse. Le taux de croissance français est passé de 2,2% à 2,5% entre 1998 et 2002 pour retomber à 2,2%. Pour la même période, la croissance européenne était inférieure d’un point à celle de la France.
Elles ont modéré les salaires. VRAI
Les salariés des entreprises de plus de 20 salariés passées aux 35h ont vu leurs salaires stagner.
Dans les plus petites entreprises, davantage restées aux 39h, le coût horaire de la main d’œuvre aurait été en grande partie compensé par la modification des heures supplémentaires et la généralisation des allègements de cotisations sur les bas salaires, dont la proportion est plus élevée dans ces entreprises.
Eric Heyer, économiste à l’OFCE, explique que « la France est aussi le pays où, de 1997 à 2002, les coûts salariaux unitaires relatifs – salaires augmentés des charges et rapportés à la productivité – ont le plus baissé. ».
Elles ont miné la productivité française. FAUX
L’annualisation du temps de travail selon l’activité a permis aux entreprises une plus grande flexibilité, donc un moindre recours aux heures supplémentaires et une plus grande optimisation des appareils de production : la durée d’utilisation des équipements est passée en moyenne de 50h en 1996 à 55h dans les années 2000.
Elles ont coûté cher à l’Etat. FAUX
Les aides consenties aux entreprises ayant réduit leur temps de travail ont coûté à l’Etat environ 12 milliards d’euros. Ces allègements de charge n’auraient coûté en réalité que 2,5 milliards d’euros quand on considère les baisses des indemnités versées aux demandeurs d’emploi alors moins nombreux. La réduction du temps de travail s’est révélée être « la politique la plus efficace et la moins coûteuse depuis les années 1970 ».
Les Français sont les seuls à avoir réduit leur temps de travail. FAUX
La réduction du temps de travail s’observe en fait dans tous les pays européens. Le rapport constate que les différentes enquêtes disponibles (OCDE, Eurostat…) ne permettent pas de comparer correctement les durées effectives de travail en Europe. Par ailleurs, « la méthode excluant les salariés à temps partiel dans le calcul de la durée annuelle du travail abaisse artificiellement cette durée et classe ainsi le temps de travail en France parmi les moyennes les plus basses de l’Union Européenne ». Selon une enquête de l’INSEE en 2010, la durée moyenne hebdomadaire de travail en France (37,5h) s’élèverait au dessus de la moyenne européenne (37,2h) : elle se situerait devant l’Allemagne (35,3h), l’Italie (36,9h), les Pays Bas (30h) ou encore les Britanniques (36,5h).
Pour la FSU, « le travailler plus pour gagner plus », le travail dominical, la remise en cause des 35h, le recul de l’âge de la retraite et l’allongement de la durée de cotisation pour la percevoir sont dictées par le modèle économique libéral et ne répondent pas à la demande sociale.
L’emploi devient plus rare et la pénibilité du travail pèse sur les conditions de vie. La précarité, le chômage et le temps partiel imposé privent les personnes d’un revenu décent et les rejettent de plus en plus à la marge de la société, voire les stigmatisent comme inactifs ou assistés.
Il est nécessaire de construire un autre projet socialement acceptable en prenant en compte les impacts environnementaux. Cela implique une action coordonnée touchant la formation et l’accompagnement vers l’emploi des chômeurs de longue durée et/ou de qualification insuffisante et du retour aux 35h. Les gains de productivité doivent profiter aux salaires et être affectés à la réduction du temps de travail et à la sécurisation de l’emploi.
Pour la FSU, la réduction du temps de travail et son partage entre tous permettraient de lui trouver une place plus équilibrée entre toutes les activités humaines. La diminution du temps de travail doit se conjuguer avec l’accès à l’emploi du plus grand nombre et le retour à la retraite à 60 ans à temps plein.
Une harmonisation européenne du temps de travail dans le sens des législations les plus favorables aux salariés doit être réfléchie.