L’immigration serait un problème pour l’Europe

Ainsi la politique affichée par les 28 pays de l’Union Européenne est d’intercepter les migrants avant qu’ils ne débarquent, voire de les contraindre à rester chez eux.

En 2008, le Pacte européen sur l’immigration et l’asile prend cinq engagements :

· organiser l’immigration légale en tenant compte des priorités, des besoins et des capacités d’accueil déterminés par chaque État membre et favoriser l’intégration ;

· lutter contre l’immigration irrégulière, notamment en assurant le retour dans leur pays d’origine ou vers un pays de transit des étrangers en situation irrégulière ;

· renforcer l’efficacité des contrôles aux frontières ;

· bâtir une « Europe de l’Asile » ;

· créer un partenariat global avec les pays d’origine et de transit favorisant les synergies entre les migrations et le développement.

Et pourtant les relations économiques et politiques inégales appauvrissent les pays de la périphérie de l’Europe. Il ne reste d’autre choix pour les plus résolus à quitter leur pays que la clandestinité et croire que les barbelés arrêteront les exilés est illusoire. Il faut aussi prendre en compte les migrations liées aux guerres, aux violences politiques et bientôt liées au dérèglement climatique.

Mais du point de vue européen, il ne faut pas oublier que l’apport d’une population jeune, dynamique et prolifique dans des pays en vieillissement est un enrichissement. Il ne faudrait pas non plus oublier l’enrichissement culturel provoqué par le mélange démographique.

retour au sommaire

Europe et migrations

Selon Eurostat, l’Office statistique de l’Union européenne, en 2010 les 27 États de l’UE ont accueilli 3,1 millions d’immigrants, mais parmi ceux-ci, 21 % sont des nationaux qui rentrent au pays, 31 % sont des citoyens d’un autre pays de l’Union, et 48 % sont des ressortissants d’un pays tiers, c’est-à-dire n’appartenant pas à l’UE. Le pays qui a accueilli le plus grand nombre d’immigrants en 2010 est le Royaume-Uni (591 000), suivi par l’Espagne (465 200), l’Italie (458 900) et l’Allemagne (404 100), ce qui représente entre 0,5 et 1 % de leur population totale. Ces quatre pays totalisaient 61,9 % des immigrants entrés dans les États membres de l’UE. En France, sur 251 000 immigrants, 40,5 % sont des nationaux, 24,4 % sont des citoyens de l’UE, et 35,2 % viennent d’un pays tiers.

Mais l’Europe connaît aussi l’émigration. Toujours d’après Eurostat, en 2010 les pays de l’UE dans leur ensemble auraient vu 1,1 million de leurs résidents quitter leur territoire. C’est l’Espagne qui a enregistré le plus grand nombre d’émigrants (403 000), suivie par le Royaume-Uni (339 400) et l’Allemagne (252 500). La France en compte 179 000. Il faut noter que ces chiffres regroupent à la fois des personnes précédemment immigrées dans l’UE qui retournent dans leur pays d’origine, et des nationaux des États membres de l’UE qui s’expatrient.

Cette question est bien liée au développement économique des différents pays. Prenons un exemple près de chez. L’Espagne, le Portugal était au milieu du XXème siècle des terres d’émigration. Le développement économique avait équilibré le solde migratoire entre émigration, et immigration. La profonde crise économique dans ces pays se traduit par un nouvel exil de ces populations même si comme dans la plupart des États membres de l’UE, ils ont connu en 2010 une immigration supérieure à l’émigration. La tendance était toutefois inverse en Irlande, en Grèce, en République tchèque, en Slovénie et dans les trois États baltes. Parmi les États membres de l’UE, la Lituanie (26 émigrants pour 1 000 habitants) et le Luxembourg (18 émigrants pour 1000 habitants) ont enregistré les taux d’émigration les plus forts en 2010.

retour au sommaire

La France serait une terre d’immigration massive ?

Avec 200000 titres de séjour délivrés par an (chiffre stable depuis 2000 et ne tenant pas compte des ressortissants de l’Union Européenne), ces entrées n’ont représenté en 2011 que 0.33% de la population française, 3eme taux le plus bas des pays de l’OCDE, après le Japon et le République Tchèque. La France n’arrive qu’au 10eme rang des pays de l’U.E. pour les réponses positives aux demandes d’asile.

Si l’on s’intéresse aux flux migratoires (entrants-sortants), ceux-ci ont été divisés par 3 depuis les années 60 : en 2011, l’immigration ne contribue qu’à hauteur de 16% à l’accroissement de la population française (contre 70% en moyenne dans l’U.E.).

Concernant cette fois le nombre d’immigrés présents en France, ils représentent en 2011, 11,6% de la population française (proportion plus faible qu’au Royaume Uni, Etats-Unis, Allemagne, Espagne ou Suède). Si la France n’est plus un grand pays d’immigration, 2 éléments contribuent cependant à présupposer le contraire dans l’opinion :

une proportion importante de la population immigrée est concentrée sur une petite partie du territoire français,

la confusion entre immigrés et enfants d’immigrés est fréquemment faite et à tort : or, la France est le pays européen où leur proportion est la plus forte, alimentant l’idée d’une immigration massive.

L’immigration représenterait un coût insurmontable en cette période de crise.

C’est bien connu les immigrés viennent en France pour les prestations sociales ! En 2010, des parlementaires de tous bords ont lancé un audit de la politique d’immigration et d’intégration. Le rapport rendu publique en mai 2011 montre que les motivations économiques sont au centre, ce ne sont pas les plus pauvres qui émigrent (tous simplement parce qu’ils n’en ont pas les moyens), L’INSEE a montré que les migrants ont en moyenne un niveau d’instruction supérieur aux Français métropolitains.

Même si leur taux de chômage est plus important, les migrants sont souvent jeunes adultes et reçoivent peu de prestations sociales (retraite, sécurité sociale). Le solde global est positif et représente 12 milliards d’euros selon l’économiste L. Ragot (2250 € par immigrés contre 1500 pour les natifs).

Dans le domaine de l’emploi, leur présence a tendance à tirer les salaires vers le bas, mais ils occupent surtout les emplois délaissés.

La présence de jeunes actifs avec une natalité dynamique réduit le poids social du vieillissement démographique.

retour au sommaire

Les immigrés ne veulent pas s’intégrer.

Il y a plusieurs conceptions idéologiques dans ce débat. Le terme d’intégration est multiforme, il peut s’agir d’intégrer un individu (en provoquant chez lui un sentiment d’identification à cette société) processus individuel ou un groupe social ce qui relève d’un processus collectif qui cherche à faciliter la prise en compte en son sein de la culture des migrants.

Les politiques mises en place en Europe penchent de plus en plus vers la nécessité d’un effort individuel du migrant, d’un accord symbolique avec la société à travers « un contrat d’intégration ». Ils doivent donc être presque intégrés en arrivant alors qu’ils n’ont aucun droit et ne sont pas reconnus comme des citoyens à part entière.

Richesse de la culture d’origine

Si certains craignent un communautarisme de plus en plus présent et fantasment sur une culture étrangère qui remplacerait la culture française, la culture d’origine ne doit pas être niée ou dévalorisée..

En effet, la culture du pays d’origine ne peut pas s’approprier instantanément : cela prend forcement du temps. Pour surmonter la difficulté de s’intégrer, l’anxiété que provoque l’arrivée dans un pays très différent du sien, il est préférable de conserver certains repères. La culture du pays d’origine constitue un repère nécessaire pour surmonter ce « choc des cultures » (expression de l’anthropologue Kalervo Oberg). L’acculturation risquerait au contraire d’empêcher l’appropriation de la culture du pays d’accueil et le migrant ainsi déstabilisé pourrait devenir la proie du repli sur soi, des extrêmistes et sectes de tout genre…

Les cultures des migrants ont depuis longtemps forgé et enrichi notre propre culture. Pour prendre un exemple très terre à terre, si le couscous fait désormais partie des plats préférés des Français, c’est que comme les plats régionaux qui se sont diffusés au XIXème et XXe siècles sur tout le territoire à partir de la capitale et des grandes villes qui accueillaient des migrants des différentes provinces, le couscous, comme d’autres spécialités culinaires « étrangères », s’est répandu et apporte un peu de variété dans nos assiettes. A l’instar de la cuisine, d’autres pans de la culture s’enrichissent de l’apport des cultures étrangères ou locales et les métissages sont autant de créations qui permettent à notre culture de se renouveler à l’infini. Nombreux sont d’ailleurs les artistes qui se sont installés en France et dont nous nous enorgueillissons. A l’heure de la mondialisation, l’apport des cultures des migrants permet d’ailleurs d’échapper à une standardisation sclérosante de la culture.

Reconnaître la culture de l’autre, s’y intéresser, c’est aussi lui permettre d’être reconnu et de s’intéresser à notre culture. Partager notre culture ne signifie pas renier la sienne. Dénigrer la culture des migrants ou vouloir la taire, c’est pousser les étrangers à un repli identitaire dangereux.

retour au sommaire

Une politique migratoire respectueuse des droits et des personnes

La FSU rappelle son engagement pour la reconnaissance des droits sociaux et démocratiques des étrangers, l’égalité des droits entre Français et étrangers, la régularisation de tous les sans-papiers et le respect des conventions internationales, l’accès à la nationalité doit être facilité…

Au niveau de l’éducation, le droit à la scolarité ne peut se concevoir indépendamment du droit à la santé et à un logement décent

En ce qui concerne l’accueil des demandeurs d’asile, la FSU exige que la garantie de dépôt et de l’examen des demandes d’asile soit respectée, et que soit rétabli un véritable droit d’asile accordé aux victimes de persécutions en raison de leur appartenance ethnique, religieuse, politique, de leur identité de genre, de leur orientation sexuelle et de leur sexe… Elle demande la suppression de la liste des pays dits « sûrs ».

Les annonces concernant le droit de vote des étrangers extra-communautaires allaient dans le bon sens. La FSU du Jura se prononce pour le droit de vote et d’éligibilité à toutes les élections.

Les mineurs isolés étrangers (MIE) contraints de quitter leur pays à cause des guerres, de la famine, de la misère sont entre 6 000 et 8 000. Ils ne peuvent faire l’objet d’aucune expulsion, ni d’aucun enfermement, et au regard des textes en vigueur (lois sur la protection de l’enfance et Convention Internationale des Droits de l’Enfant), ils doivent bénéficier d’un accompagnement adapté à leur situation.

La FSU continuera de se battre pour la ratification de la convention internationale des droits des migrants, et pour la dépénalisation des infractions au séjour : Être sans-papier n’est pas un crime et relève du droit administratif et non pénal. Elle continuera à revendiquer la fermeture des centres de rétention et la libre circulation des populations. La FSU du Jura demande un moratoire sur les expulsions et la régularisation de tous les sans-papiers.

retour au sommaire