Le SNES-FSU a organisé le 08 novembre 2013 un colloque national sur les voies de démocratisation de l’orientation scolaire.
Les différents débats ont permis d’aborder trois pistes qui, aux dires du gouvernement, permettraient aujourd’hui d’améliorer significativement l’orientation des élèves et des étudiants : le rapprochement au niveau régional entre orientation, formation professionnelle et emploi, une personnalisation et un accompagnement des parcours dans l’École et une évolution du métier de conseiller d’orientation-psychologue plus axée sur les besoins économiques formulés par les employeurs.
De nombreux collègues ont témoigné par ailleurs de la maltraitance dont ils étaient victimes suite à la restructuration du réseau des Centres d’Information et d’Orientation et à l’expérimentation du Service Public Régional d’Orientation (SPRO), notamment dans les académies de Lille, Rennes et Limoges.
Renforcer les liens entre orientation, formation et emploi à l’échelle d’une région améliore-t-elle l’insertion professionnelle ?
J.F. Giret (Directeur de l’IREDU) et C. Agulhon (sociologue) ont montré l’illusoire adéquation entre formation et emploi et l’opacité qui entoure les diplômes professionnels à l’université.
Différentes enquêtes relatives aux jeunes diplômés montrent que ceux-ci privilégient certains critères pour leur insertion professionnelle (CDI, salaire) ce qui conduit un jeune sur 2 à travailler en dehors de son secteur de formation initiale trois ans après l’obtention du diplôme (situation que ne vivent pas forcément négativement les personnes). Après 7 ans, ils sont 30% à se réorienter.
Par ailleurs, 40% quittent leur région d’origine.
Les arguments des décideurs régionaux sont alors bien faibles pour tenter de justifier leurs demandes de formation au service du développement économique local.
Individualisation, parcours et ingénierie de formation et d’orientation : quelles conceptions du sujet et de l’éducation et quels effets ? Accompagnement des élèves ou coaching ?
J.Y. Rochex parle aujourd’hui de « basculement des référentiels » : la manière de penser la formation a évolué d’une prise en compte des inégalités sociales (donner le plus à ceux qui ont le moins) à une segmentation des publics scolaires selon des besoins particuliers (troubles de l’apprentissage, élèves à haut potentiel, public allophone…). Il s’agit de la même pensée adéquationniste visant à ajuster les apprentissages selon les spécificités de chacun en lieu et place d’une tentative d’amener chaque enfant à développer de nouveaux besoins, de nouvelles attentes. Ainsi, le système éducatif n’est plus pensé en termes de démocratisation mais en termes d’innovations et d’adéquation. Cette approche hyper-individualisante s’exerce au détriment des sujets à qui le système éducatif ne doit plus offrir que le minimum ou le socle.
Né dans les années 2000 et issu du monde de l’entreprise, le coaching scolaire se veut un accompagnement privé de la scolarité d’un point de vue global (et non disciplinaire) et s’inscrivant dans le culte de la performance individuelle : l’individu doit être artisan de lui-même. Le coaching scolaire démontre une certaine convergence avec les attentes du monde de l’entreprise ; la majorité des familles investissant dans le coach sont d’ailleurs elles-mêmes issues du monde l’entreprise.
Témoignages de quelques académies : Le réseau des services d’orientation de l’Education Nationale est mis à mal dans certaines académies (exemples de Rennes, Limoges et Lille) par la fusion et/ou suppression des services : les conseillers d’orientation-psychologues de Lille et Rennes ont témoigné du vécu de leurs collègues dans les CIO fusionnés, de la perte du travail collectif, de l’isolement et de mal-être au travail. Ceux de Rennes ont détaillé l’offensive de la Région pour professionnaliser les acteurs du Service Public Régional d’Orientation (une des régions expérimentales) grâce à un cabinet privé de consultants.
La FSU s’emploie à faire le pont avec les autres catégories de personnels qui seront soumis aux mêmes attaques via le SPRO pour construire un front commun avec ceux qui n’ont pas fait le choix de la perte de leur identité professionnelle et qui récusent le cadre de l’expérimentation du SPRO tel qu’il est imposé aujourd’hui.