Depuis les tragiques événements de janvier, l’École est au centre des débats. La société en attend beaucoup, à juste titre, car elle joue un rôle essentiel dans la construction chez tous-tes les jeunes, de valeurs citoyennes communes.

Pour la FSU, il ne faut pas privilégier les solutions répressives et sécuritaires mais faire prévaloir l’Éducation.

Or, la FSU alerte sur une situation préoccupante. Suite aux assassinats, les procédures judiciaires pour apologie du terrorisme se multiplient. Ces procédures accélérées répondent avant tout à l’émotion populaire et à la pression politique inhérente au traumatisme que notre pays vient de vivre. Elles pourraient vite tomber dans le travers d’une justice expéditive et d’une répression disproportionnée que la FSU dénonce.

Plusieurs mineurs, parfois très jeunes, des enfants, font aussi l’objet de poursuites pour des dérapages verbaux dans leur établissement scolaire ou dans un espace public. Des adolescents, qui parfois n’ont jamais eu affaire à la justice ont été menottés, placés en garde à vue et mis en examen. Les jeunes les plus démunis, et souvent en difficulté scolaire, ceux qui n’ont que l’école pour apprendre et comprendre le monde complexe qui les entoure, sont aussi le plus souvent ceux qui se trouvent concernés par ces mesures.

Le ministère a dévoilé le 9 février " le livret de prévention de la radicalisation des jeunes ". Ce guide reprend le contenu du site contre le djihad. " La radicalisation peut s’exprimer par la contestation violente de l’ordre public et de la société " explique ce livret. Parmi les signes distinctifs pour reconnaitre les élèves en cours de radicalisation, le livret mentionne " les propos antisociaux virulents ou violents", les " nouveaux comportements dans les domaines suivants : alimentaires, vestimentaires ", la rupture avec la famille. Et comme le livret impose aux enseignants le signalement de ces jeunes, y compris "des préadolescents", certaines crises d’adolescence risquent de très mal se terminer.

La FSU s’oppose à de telles mesures. Elle alerte sur le fait qu’elles pourraient accentuer la difficulté que rencontrent ces élèves, les « enfermer » dans un comportement qui ne ferait que renforcer leur sentiment de mise à l’écart. Il convient de discerner ce qui est de l’ordre de la provocation ou de comportements immatures. Si des sanctions pénales devaient être prononcées à leur encontre, elles devraient répondre au principe de protection qui fonde la Justice des mineurs. Il convient de prendre en charge les jeunes « comme ils sont » afin de construire la citoyenneté que chacun appelle de ses vœux, et de ne pas aggraver des situations d’exclusion sociale et scolaire. Il ne s’agit ni d’adhésion superficielle à ces valeurs, ni de volonté normative des comportements mais plutôt d’une appropriation par tous les jeunes des valeurs qui fondent le vivre ensemble et des principes qui animent notre pays.

Cela nécessite que les personnels en charge de la jeunesse soient formés pour les accompagner dans la construction de leur citoyenneté et le développement de leur esprit critique.

Si des réponses éducatives sont essentielles, elles ne sauront suffire. Car au-delà de la jeunesse c’est la société tout entière qui doit s’interroger et offrir partout et à chacun les conditions qui permettent de se sentir réellement citoyen.

Le gouvernement doit répondre à un triple objectif :
"-" conforter la construction de valeurs partagées en donnant pour y parvenir aux personnels en charge de ces missions, des moyens à la mesure de l’enjeu ;

"-" privilégier l’approche éducative à travers des mesures qui s’adressent à tous, sans exclusive, et qui contribuent à réduire efficacement les fractures sociales et scolaires ;
"-" renforcer l’égalité entre les citoyens à travers des mesures de justice sociale et fiscale. Il est urgent de porter un projet ambitieux afin d’offrir à tous les jeunes la perspective de trouver une place dans la société.