Retraites, une nouvelle attaque !
Après la conférence sociale des 20-21 juin, les discussions bilatérales avec les organisations syndicales, la soit-disante nécessaire réforme des retraites serait en route. C’est plutôt une attaque supplémentaire contre les salariéEs, les privéEs d’emploi, les retraitéEs, c’est-à-dire le monde du Travail.
Depuis 1993, nous avons connu le passage à 40 annuités pour les salariéEs du privé, la décote, le calcul sur les 25 meilleures années, l’indexation sur les prix au lieu des salaires. En 2003, ce fut la fin des bonifications pour les enfants des femmes fonctionnaires, l’allongement de la durée d’assurance jusqu’en 2020 en fonction de l’allongement de l’espérance de vie à 60 ans, la surcote, le dispositif « carrières longues » (qui n’a existé que par intermittence). En 2010, l’âge de la retraite est reporté à 62 ans, le dispositif carrières longues est durci, la question de la pénibilité est réduite à la notion d’invalidité …
Quel bilan aujourd’hui
Entre 2001 et 2010, l’âge de départ a reculé de plus de 2 ans.
Les femmes sont les plus touchées du fait du morcellement de leur carrière, (grossesses, naissances, temps partiels …) et de la différence de salaire entre les hommes et les femmes. Leur pension propre représente 53% de celle des hommes.
Pour une durée d’assurance de 150 trimestres (37,5 annuités) en 2015, le taux de liquidation (le montant de la pension) baisse de 28% ! (cf calcul page suivante).
C’est aussi une baisse des retraites de tous et un accroissement du nombre de retraitéEs pauvres.
Les propositions du gouvernement
Les cotisations seront augmentées pour tous les régimes. La hausse sera progressive sur 4 ans : 0,15 point en 2014, pour atteindre en 2017 0,3 point pour les actifs et 0,3 pour les employeurs. La réforme ne change pas le calendrier de hausse de la durée avant 2020.
La durée d’assurance pour une retraite à taux plein à partir de 2020, augmentera d’un trimestre par an et passera ainsi à 43 ans en 2035.
La prise en compte de la pénibilité est limité aux critères définis en 2008, pour créer un compte qui permette suivre des formations permettant de se réorienter vers un emploi moins pénible … ; de financer un maintien de rémunération lors d’un passage à temps partiel en fin de carrière ; de bénéficier de trimestres de retraite..
Pour les femmes : À compter du 1er janvier 2014 seront validés autant de trimestres que de périodes de 90 jours de congé maternité.
Il y aura aussi : la refonte de la majoration de 10 % de pension pour enfants ; la prise en compte des périodes d’apprentissage pour la retraite ; une aide pour le rachat des années d’étude supérieures après 2003…
L’allongement de la durée d’assurance n’est que le « faux-nez » d’une baisse du niveau des pensions !
Pour une durée d’assurance de 150 trimestres (37,5 annuités), à l’horizon 2015 :
Le taux de pension sera passé de 75 % en 2003 à 75 % x 150/166 (41,5 annuités en 2015) = 67,77 % … soit une baisse d’environ 10 % environ.
S’y ajoute l’effet de la décote : le coefficient de minoration sera de 20 % ([166 – 150] x 1,25 %)…
Le taux de liquidation « théorique » de 75 % chute à 54%, ce qui engendre une baisse du montant de la pension de 28 %.
En 2011, 17,7 % des pensions civiles dans la FPE sont attribuées avec une décote (7,5 % à la CNRACL ; 7,3 à la CNAV).
Revenir à un système collectif de solidarité
De nombreux collègues se renseignent auprès de nous pour savoir s’ils pourront partir à la retraite et à quelle date ; les jeunes n’ont plus confiance dans un système dont ils ne peuvent savoir à l’avance ce qu’il leur offrira. C’est là une réussite du patronat. Rappelons-nous, il y a une dizaine d’années, pour l’écrasante majorité des salariés : 60 ans (55 pour les services actifs), c’était le moment de faire valoir ses droits à retraite, à pension, après une vie de labeur, et très peu se posait la question de partir ou de prolonger sa carrière. C’ était une reconnaissance collective d’un droit à vivre décemment la dernière partie de sa vie, une norme sociale. Les retraitéEs rendent d’ailleurs de façon importante des services à tous par leur implication dans la vie associative , familiale …
Retrouver ce sens du collectif, c’est le sens de nos revendications, pour que la retraite reste un droit social pour tous les travailleurEs à 60 ans.
Avenir des retraites, emploi, salaires sont indissociables.
Dans une période de crise avec son cortège de destructions d’emplois, comment ne pas faire le lien entre le recul de l’âge de départ à la retraite (le taux d’emploi des 55-64 ans est passé en France de 30% en 92 à 45% en 2012) et le chômage des jeunes ? Même si tous les salariéEs n’ont pas la possibilité de faire ce choix.
La question du salaire est aussi prégnante. Une augmentation des salaires, c’est immédiatement une augmentation des recettes de la sécurité sociale, des caisses de retraite.
Quant à la pénibilité ! Faut-il prendre en compte une situation où les emplois, les conditions de travail sont dégradés à souhait par la patronat et faire du curatif lors de la fin de vie ? Pour le patronat, il ne s’agirait que de compenser les différences d’espérance de vie en bonne santé entre les différentes catégories d’emplois). Bien sur que non, c’est du préventif là aussi dont nous avons besoin : recréer de bonnes conditions de travail pour tous devrait être une priorité !
C’est bien un choix de société que nous proposons de faire. Les tenants du libéralisme ne s’y trompent pas. Alors qu’il faudrait une augmentation de la part des richesses créées de moins de 2% par an pour assurer la pérennité du régime et revenir sur les mesures de 2003 et 2010, leurs projections font état d’une progression de 0,5% entre 2010 et 2060 ! Ainsi les dépenses de retraite devraient baisser de 6 points de PIB entre 2010 et 2060 !
Pour la FSU du Jura, cette nouvelle remise en cause des retraites du privé et du public n’est pas acceptable. Il faut, construire un rapport de force qui permette de revenir à une retraite juste pour touTEs après une vie de labeur. Nous rappellerons nos exigences à ce gouvernement dans la rue le 10 septembre : 60 ans, 37,5 annuités et 75% du dernier salaire.