La réforme du collège pour 2016 a été annoncée le 11 mars 2015 par la ministre de l’éducation nationale au Conseil des ministres : « maillon faible du système éducatif », le collège actuel est présenté comme ennuyeux, anxiogène et aggravant l’échec scolaire. Cette réforme concerne les programmes, les pratiques d’enseignement et l’organisation pédagogique pour « permettre à tous les élèves de mieux apprendre pour mieux réussir en maîtrisant les savoirs fondamentaux et en développant les compétences du monde actuel ».

Pour le SNES-FSU, ce projet de réforme est inacceptable car il ne répond pas aux difficultés rencontrées sur le terrain : la réussite de tous les élèves passe par de meilleures conditions d’apprentissage, une mise en cohérence des savoirs scolaires et la formation des enseignants à des pratiques pédagogiques diversifiées.

La marge de 20% des moyens à la disposition des (chefs d’) établissements va par ailleurs renforcer la différence et la concurrence entre les établissements et la rivalité pour les moyens entre les disciplines.

Des horaires rognés pour moins d’école

La présentation des grilles horaires par niveau pourrait laisser croire à une certaine stabilité dans la répartition disciplinaire MAIS :

"-" la généralisation de la LV2 en 5ème se fera par la diminution des heures d’enseignement de LV sur les 3 autres niveaux (en 4ème et 3ème). Cela ne permettra pas aux élèves de rentrer dans les apprentissages et augmentera la charge de travail des enseignants dont le service passerait de 6 à 9 classes !

"-" la globalisation des horaires des enseignements artistiques sur les 4 niveaux et de la SVT/physique-chimie/technologie en 6ème

"-" les options (langues anciennes, rares, les sections européennes et Découverte Professionnelle) sont amenées à disparaître en se fondant dans les Enseignements Pratiques Disciplinaires (EPI)

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L’accompagnement personnalisé

Les 3 heures de 6ème et l’heure à chacun des niveaux du cycle 5ème, 4ème et 3ème sont l’une des recettes miracles de la réforme, dispositif expérimenté en lycée qui a d’ailleurs fait la preuve de son inefficacité pour les élèves.

Les heures sont à prendre sur les disciplines.

Pour le SNES-FSU, la lutte contre la difficulté scolaire commence dans la classe par des conditions d’études et des programmes améliorés.

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Les enseignements pratiques interdisciplinaires (EPI)

Les EPI sont présentés comme une pratique pédagogique devant permettre aux élèves une meilleure appropriation des savoirs abstraits par leur contextualisation, leur utilisation en élaborant des projets collectifs concrets. Les établissements seront libres de choisir parmi les 8 thèmes existants les 2 thèmes proposés aux élèves en 5ème, 4ème et 3ème (6 thèmes abordés pendant la scolarité de collège).

Introduits sur les cendres des IDD et de la DP3, les EPI ne sont pas financés en plus et doivent être pris sur les horaires disciplinaires, sans co-intervention possible.

Pour le SNES, l’interdisciplinarité a son intérêt pour permettre aux élèves de développer une vision moins fragmentée des savoirs disciplinaires. Elle ne peut être cependant une fin en soi et elle nécessite des moyens de concertation et de formation non prévus dans cette réforme.

Les couplages disciplinaires induits par les intitulés confirment par ailleurs les menaces sur le latin (réduit à intervenir dans l’EPI Langues et cultures de l’antiquité ou dilué dans l’enseignement du français) et les enseignements artistiques (dont une partie des horaires sera amputée dans l’EPI Cultures et création artistiques)

Leur organisation sera élaborée en conseil pédagogique et présentée en conseil d’administration : elle peut constituer un nouveau levier pour faire pression sur les personnels ou les mettre en concurrence.

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Une réforme qui creuse les inégalités et vise à transformer profondément le métier d’enseignant

C’est la réforme perdants-perdants :
"-" les élèves perdront au total l’équivalent d’un an d’enseignements disciplinaires en cumulant les réductions horaires des quatre années de collège. Cela ne peut qu’augmenter les inégalités : les élèves issus de milieux les plus favorisés trouveront toujours la possibilité de financer les manques.
"-" c’est une transformation profonde du métier d’enseignant : les élèves n’auront plus devant eux un prof pour enseigner une discipline mais un enseignant qui devra partager son volume horaire entre de l’enseignement disciplinaire, de l’EPI et de L’AP.

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Pour un collège pour tous

Cette réforme du collège ne fait que reprendre de vieilles recettes sans poser aucune des questions qui font le quotidien dans les établissements scolaires. Le bilan ministériel fait en effet l’impasse sur le taux d’encadrement des élèves, la dégradation des conditions de travail des personnels et les injonctions des meilleures pratiques pédagogiques.

Construire le collège pour tous suppose au contraire de repenser son organisation et de modifier le temps scolaire, les conditions d’apprentissages dans les classes, les pratiques pédagogiques et une réelle prise en compte de la diversité des élèves, à l’opposé de l’individualisation des parcours.

Les élèves doivent pouvoir bénéficier d’un accueil de 32h/semaine avec une organisation des journées différente selon les niveaux et les activités. Des dédoublements doivent être prévus dans les disciplines qui le nécessitent et les activités de travail en groupe, les co-interventions (prévues dans le temps de service) doivent être possibles pour intégrer l’aide aux élèves dans le temps scolaire.

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