Hollande veut réformer de nouveau les retraites en 2013, 3 ans après les « réformes » Sarkozy-Fillon sensées assurer la pérennité du régime. Ce sera un des thèmes de la conférence sociale qui se tiendra les 20-21 juin.

Pour les salariéEs, les retraitéEs la situation est simple. Un professeur des écoles partant à la retraite à 56 ans avec presque 37 annuités a perdu depuis 2003, 300 euros de pension par mois. Pour ceux qui sont déjà pensionnéEs ou retraitéEs, les ponctions sur le pouvoir d’achat sont légions (désindexation sur les salaires, contributions sociales).

Le gouvernement a installé une « commission pour l’avenir des retraites » (présidé par Mme Moreau) alors qu’il avait déjà un dispositif d’étude, le COR, qui rédige des rapports depuis de nombreuses années. Aurait-il besoin de se passer des syndicalistes qui en font partie ?

En tout cas les propositions de ce rapport comme les propos de Michel Issindou, député PS : « Nous aurions tort de faire une réforme au rabais. Il y aura des tensions, je pense que ce sera dur, il y aura des mouvements dans la rue… De toute façon, nous allons être impopulaires et tant qu’à l’être, autant faire des choses utiles pour l’avenir… qu’au moins nous allions au fond des choses… Nous n’échapperons pas à un allongement de la durée de cotisation, car c’est la mesure qui produit le plus d’effets à terme. Mais en maintenant l’âge légal (de départ) à 62 ans, nous laissons une porte de sortie… Il y a un autre sujet qui fera débat, c’est celui du rapprochement public-privé. Il faut crever l’abcès… Extraits de la dépêche AFP », que l’on présente comme le futur rapporteur de ce projet de loi, sont des plus inquiétantes.

A travers ces deux démarches on retrouve la volonté de rassurer la commission européenne, les marchés, sur la pérennité de notre dispositif.

Pourtant d’après Henri Sterdynak (chercheur à l’office français de conjoncture économique), cette réforme n’est pas nécessaire.

Certes le déficit des différents régimes prévu pour 2012 est bien de 17,4 milliards, mais l’effet de la crise (chômeurEs qui ne cotisent pas…) représente une perte de 23,6 milliards. Les régimes seraient donc excédentaires de 6 milliards sans la crise. La même question se repose toujours et encore : « Est-ce aux salariéEs eux retraitéEs de payer le manque à gagner créée par une situation qui les pénalise déjà ? »

Mme Moreau écrit dans son rapport qu’il faudrait diminuer les retraites pour assurer leur pérennité.

En reportant l’âge de départ à la retraite (et vous et moi n’aurons guère le choix si nous voulons une pension décente), on augment le nombre de salariéEs agéEs, ce qui dans une période de chômage implique d’augmenter encore le chômage des jeunes.

Avec la désindexation des retraites sur les salaires, entre 2002 et 2012 le pouvoir d’achat des retraitéEs a baissé entre 0,5 et 1,5% alors que le pouvoir d’achat des salariéEs a augmenté de 5,8%. Faut-il une baisse de 10 à 15% des retraites pour s’aligner sur la moyenne européenne ? Faut-il mettre en place un système de points qui permettrait un équilibre automatique en fonction des recettes (avec ce dispositif, on perd toute garantie sur le montant des retraites dans l’avenir, et en 2012, il aurait fallu baisser les retraites de 4,5%, les projections envisagent une baisse de l’ordre de 22% en 2040).

La boite à outils du rapport Moreau

"-" Financement : Accélération d’ici 2000 de l’allongement de la durée de cotisation (43 ans en 2020)
"-" Revalorisation des retraites en dessous de l’inflation (-1,2 point à partir de 2014 pour plusieurs années)

"-" Hausse des cotisations déplafonnées 0,1 pt par an ou 0,2 pt
"-" Revalorisation selon des taux différenciés selon le montant total des pensions (qui est difficile à appréhender)
"-" Hausse du taux de CSG sur les pensions de retraite de 6,6 à 7,5%
"-" Revenir sur les avantages fiscaux des retraités (abattement de 10% (supprimer ou abaisser le plafond).
"-" Soumettre à imposition la majoration de pension pour retraités ayant élevé au moins 3 enfants)
"-" Mise en place d’un mécanisme de pilotage semi-automatique pour éviter les rendez-vous anxiogènes tous les 2 ou 4 ans.

"-" Équité : Rapprochement des règles de liquidation dans la FP de celles du régime général (les enseignants ne peuvent pas être les seuls à partir avec 75%… no comment !) – Proposition de passer à un traitement de référence déterminé sur les dix dernières années progressivement à partir de 2015 jusqu’en 2025.

"-" Emplois des seniors et pénibilité : Observatoires des fins de carrière pour s’adapter à l’élévation de la moyenne d’âge des salariés ; amélioration des conditions de travail ; – Attribution de points de pénibilité dans les situations recensées en 2010, transférables, créant un droit à formation professionnelle, à temps partiel en fin de carrière, trimestres de retraite (La même quantité de points ouvrant le droit à 3 mois de formation professionnelle, 2 mois de temps partiel, 1 mois de retraite)
"-" Catégories actives de la FP : ce n’est pas une approche moderne.

Ces premiers éléments le montre, c’est toujours un choix de société qui est en jeu. Soit le gouvernement continue à nous imposer l’austérité et c’est tout le dispositif de solidarité qui est mis à mal, soit il faut trouver des financements plus importants. Et pour aller vite, nous ne le disons pas encore assez fort : « De l’argent il y en a dans les poches du patronat ! »

Dans le contexte d’atonie face aux mesures d’austérité est-il envisageable de créer un rapport de force pour inverser cette situation ? Un sondage paru dans L’humanité le laisse supposer (cf tableau).

Inquiétude des français sur leur retraite 83% + 18% par rapport à 2003
Disponibilité pour une mobilisation sociale 78% 58% en 2010

Pour la FSU du Jura, cette nouvelle remise en cause des retraites du privé et du public n’est pas acceptable. Il faut, sans attendre la conférence sociale, construire un rapport de force qui permette de revenir à une retraite juste pour tou(te)s après une vie de labeur. Nous rappellerons nos exigences : 60ans, 37,5 annuités et 75% du dernier salaire.

Nous nous adressons à toutes les confédérations pour dès maintenant créer les conditions d’une mobilisation à la rentrée.